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Entreprise

Immo Week : nouvel article de Laurent Leprévost

Et si on se disait la vérité ? Plantons le décor : à longueur d’articles, de tribunes, les principaux acteurs de la chaîne immobilière rappellent les nécessités du développement durable, de l’investissement social, des valeurs éthiques, sociétales.

Peu de voix discordantes dans ce consensus. Qui, d’ailleurs, pourrait s’opposer à cette tendance lourde et vertueuse d’un immobilier responsable prenant sa part dans les enjeux environnementaux actuels ?

De l’AREIM en passant par la RICS, du Plan Bâtiment Grenelle remontant à 10 ans aux investisseurs institutionnels, de label en label, la théorisation de la valeur verte du point de vue investisseur n’est plus (totalement) à faire.

Les anciens surcoûts de construction étaient compensés par une augmentation théorique du loyer, le locataire compensant lui-même ce loyer par une réduction des charges. Les labels censés garantir la consommation énergétique des immeubles se trouvaient eux-mêmes contestés par un usage non éduqué des locataires.

Enfin, la persistance à enfermer la valeur verte dans un rapport quasi exclusif de la survaleur tirée d’une meilleure performance énergétique faisait oublier d’autres paramètres ô combien fondamentaux comme l’atteste l’actualité récente : pollution de l’air, COV, perturbateurs endocriniens.

Si, du point de vue des propriétaires, les choses semblent au plan théorique entendues (meilleure liquidité de l’actif, charges moins élevées, image valorisante, moins d’Opex et de Capex, durée de vie plus longue), les utilisateurs sont les parents pauvres du dispositif.

Non pour les grands comptes, mais pour la France d’en bas, les PME-PMI.
Depuis deux ans, à Paris, les valeurs locatives tertiaires s’envolent sans aucun lien avec la performance énergétique, la généralisation de labels ou la transformation environnementale.

Le bon vieux plateau avec moquette usagée et faux plafonds se porte finalement à merveille dans un contexte annoncé de pénurie d’offre sur le marché parisien et gagne en valeur, à la vente comme à la location.

Les annonces immobilières pour des bureaux parisiens ne contiennent généralement aucune mention du DPE, d’un indicateur de pollution d’air ou d’indicateurs « carbone ». Finalement, l’utilisateur lambda, coincé entre un marché en haut de cycle, les charges additionnelles d’un poste de travail « sain », ses responsabilités d’employeur et la charge immobilière globale arbitre en faveur de ce dernier point. Avec le risque d’un syndrome Jussieu à retardement : le défaut d’information auprès des salariés sur leur environnement de travail, notamment toxique, pourra alimenter demain des procédures en cascade.

Les pouvoirs publics interviendront tôt ou tard avec l’arme fiscale, fatale, pour forcer les propriétaires à réduire leur empreinte carbone, ou coercitive pour obliger les entreprises à produire des indicateurs liés à l’environnement de travail.

La santé concentre toutes les attentions, du wifi potentiellement nocif, de l’air pollué ou vicié, des colles aux produits chimiques, de l’émission de gaz à effet de serre, c’est de la responsabilité individuelle et collective dont il est question.

Bref, il est urgent que les paroles s’accompagnent d’actes.